Depuis le début de sa collaboration, il y a une vingtaine d’années, avec l’éditeur Claude Grendrot – dont la traduction livresque fut l’inoxydable Chute de vélo aux éditions Dupuis, dans la collection Aire Libre (qui se passait, sans jamais être cité, dans un certain village du Maine-et-Loire : Rablay-sur-Layon…) -, Étienne Davodeau aura alterné bandes dessinées de reportage et fictions, de nombreuses ayant marqué l’histoire du 9e art, touché un lectorat de plus en plus élargi et fidèle, affirmé le style d’un artiste essentiel et engagé.
Parmi ces titres – de l’un des invités des invités de la première édition du 9e L’Yeu (rappelez-vous !) et parus chez Futuropolis, notre éditeur partenaire de la deuxième, vous avez lu ou lirez certainement Un homme est mort (avec Kris), Lulu femme nue, Les ignorants, ou encore Le Droit du sol, pour ne citer qu’eux.
Son dernier ouvrage, s’il se classe dans la catégorie fictionnelle, ne fait pas l’économie pour autant – le natif des Mauges n’est pas amateur, vous le savez déjà, de fantaisies scientifiques ou sociétales – de recherches sur la faune et flore ligériennes.
Ces recherches, devenues le temps d’une bande dessinée de jolis messages narratifs et aquarellés, n’entravent en rien la poésie et l’émotion de ce conte d’été. Où Agathe invite ses anciens amants et amantes à la rejoindre dans sa maison entre Les Ponts-de-Cé et Béhuard, le long du fleuve dans le Maine-et-Loire.
Cette invitation est une surprise à bien des égards… que je ne vous dévoilerai évidemment pas, mais laquelle dit avec justesse : la mortalité (parfois souhaitable mais peu désirée) de nos idées, de nos amours, de nos vanités ; l’éternité (forcément souhaitable mais trop peu désirée encore) de la beauté de nos ressources ainsi que de nos compagnons naturels, qu’il nous faudrait enfin respecter et observer, avec intelligence et délicatesse ; le talent, toujours plus grand à mesure qu’il gagne en sérénité et maturité, d’un auteur qui participe au combat de la reconnaissance de son art. Majeur, assurément, comme lui.