La vie devant soi – adaptation du célèbre récit d’Émile Ajar (pseudonyme de Romain Gary), Prix Goncourt en 1975 – est un roman graphique (ou plutôt un roman illustré) qui nous présente l’histoire de Momo racontée par Momo. Ce jeune enfant de 10 ans, ou 14 tout dépend du moment de l’histoire, vit chez Madame Rosa, une ancienne prostituée juive qui a décidé après la guerre et la Shoah de se reconvertir en assistante maternelle pour enfants de filles de la rue. Ces enfants délaissés, critiqués, jugés du simple fait de leur ascendance.
Momo raconte ici de nombreuses vies. La sienne, celle de cette vieille femme et de tous les habitants de son quartier : des Africains, des proxénètes, des Arabes, des Juifs, des médecins ; tous on un point en commun : la différence et l’exclusion héritées de leur couleur de peau et/ou de leur religion. Mais, à travers le regard et les mots de Momo, chacun dévoile une histoire incroyable, ils s’aiment et s’entraident tous au-delà de leurs différences. Il raconte aussi cet amour qui l’unit à Madame Rosa, plus qu’un amour maternel. Il le dit et le répète au cours de l’histoire : il n’a qu’elle et elle n’a que lui. Il raconte l’existence qu’elle a eue et qu’elle n’a plus devant elle, celle que lui a justement encore devant lui et qu’il s’imagine.
Les dessins de Manuele Fior nous présentent un à un les différents personnages de cette histoire : Mme Rosa, Momo, Moïse, Mme Lola, M. Hamil et tous ceux qui, au fil de cette histoire, nous transmettent des messages importants sur l’essentiel : profiter, aimer, s’aimer soi-même, s’accepter… Des messages et valeurs qui nous semblent évidents, mais que parfois nous oublions et que ce livre nous rappelle.
Un beau message d’amour et de vie à travers les yeux et les mots d’un enfant qui a grandi trop vite.
Par Alexandra