Bien sûr, à première vue, le sujet semble épuisé. Adapté, réadapté, exploité dans tous les formats, mangé à la sauce Mickey : on n’attend plus grand chose du mythe Tarzan, avouons-le.
Christophe Bec – co-auteur avec Xavier Dorison de l’excellente et étouffante série Sanctuaire – relève pourtant brillamment le défi de raviver la flamme moribonde du mythe, avec cette adaptation en bande dessinée du texte originel d’Edgar Rice Burroughs, publiée tout récemment aux éditions Soleil.
Certes, elle n’est pas exempte de certains clichés ni de certaines facilités dans la dramaturgie et la péripétie, mais il se dégage une telle puissance dans l’encrage (qui rappelle celui du Daredevil de Gene Colan), les morphologies épaisses ainsi que les couleurs profondes (verts, bleus, rouges : palette violente des fluides de la jungle) de Stevan Subic et Hugo Sebastián Facio, que l’on oublie vite ces détails pour s’abandonner, à nouveau et plaisamment, à la légende de l’homme singe.
Et, c’est au cœur de cette légende et de son environnement hostile, que rejaillit justement la puissance du récit comme du propos premiers. Car cette aventure philosophique, sur des terres aussi luxuriantes que menaçantes, est une parabole – qui, elle, n’a pas pris une ride – sur notre prétendue civilisation. Qui est vraiment sauvage ? Qui est vraiment éduqué ? Qui fait preuve de l’émotion la plus pure ? Qui comprend le plus finement, le plus intelligemment le monde ? Et faut-il vraiment qu’il y ait une seule raison, une seule façon d’aimer et de vivre, une seule direction ?…
Une belle et inattendue surprise, au cœur d’une autre jungle : celle des adaptations littéraires ! Disponible dans toutes vos librairies favorites, et à lire sans modération !