Se contenter de moins pour vivre plus.
Je ne sais pas si Camille Jourdy – l’une des invitées premières de notre festival, lors de l’édition inaugurale en 2019 – validera ce compendium de sa nouvelle œuvre en bande dessinée jeunesse, mais il dit toutefois beaucoup quant à la morale (dans son acception la plus noble) sous-jacente et permanente des saynètes du premier volume des aventures de Pépin et Olivia.
Un frère et une sœur qui, au cœur d’une famille aimante et d’un quotidien aussi sobre que souriant, nous offrent des tranches de vie espiègles, tendres et lisibles de 8 à 88 ans.
Au gré d’odyssées familières – cartable perdu, fête foraine, essais culinaires périlleux, vacances chez les grands-parents, petit chat trouvé, retrouvailles avec la neige -, l’autrice de Rosalie Blum et des Vermeilles célèbre en joie et en douceur « la grande fête de rien du tout », à la fois titre de l’ouvrage ainsi qu’invitation à se concentrer sur l’essentiel : les petits moments drôles ou émouvants que la vie nous donne à
savourer. À la condition, évidemment, d’avoir gardé son cœur et ses yeux d’enfant.
Cinquième volume de la très recommandable collection « Les Ondines » des éditions Dupuis (jeune écrin de la BD jeunesse mondiale, où l’on retrouve Nadja, Yoon-Sun Park, Lucas Méthé et Lucie Lomová, dont vous devez d’ailleurs absolument lire les enquêtes de Anča & Pepik), Pépin et Olivia ne déroge en rien – et avec bonheur ! – au style de cette artiste précise, discrète et talentueuse. Tout y est luxuriant, fourmillant
de vie, intelligent ; avec, comme à son habitude, quelques notes fantasmagoriques et mélancoliques qui ajoutent à la beauté et à la complexité, d’un titre pourtant et assurément tout public.
Un peu comme si sa Juliette (en passant, ouvrage que j’adore) rencontrait Le dégât des eaux (magnifique album jeunesse créé avec Pauline Delabroy-Allard)… Bref, c’est encore une merveille : bravo Camille !